TITLES
1997
Le vrai titre :
EATERS OF THE DEAD
(en VF : "LES MANGEURS DE MORT")
Le titre original du roman de Crichton, donc, logiquement,
le premier titre envisagé pour son adaptation cinématographique.
Définitivement LE titre que le film de McTiernan aurait dû
porter. Bizarrement devenu, suite aux premières projections-tests,
le titre-"vilain petit canard", celui dont personne ne semblait
plus vouloir entendre parler. Motif officiello-officieux : ça ferait
trop penser à un film de zombies (ce qui, dans l'esprit de nombreux
producteurs hollywoodiens, rime bien sûr avec navet et série
B...) ! La dernière cannibalerie en date (à l'époque),
RAVENOUS d'Antonia Bird (VORACE en VF), s'étant de plus gentiment
planté au box-office US, on comprendra aisément que les
têtes pensantes de Disney aient fermement conseillé
à McTiernan et Crichton de trouver vite fait bien fait autre chose.
Dommage...
1997
Le "vieux" titre :
THE VIKINGS
(en VF : "LES VIKINGS")
Le second titre préparatoire (working title)
du film, d'après la fiche
technique de l'IMDB. Un titre qui a le mérite de son évidence,
et le défaut d'avoir déjà été porté
par le passé, ce qui a toujours pour effet de faire grincer des
dents les producteurs hollywoodiens (surtout leurs avocats, d'ailleurs).
Ben oui, parce que LES VIKINGS, accessoirement, c'est quand même
aussi le titre d'un classique du genre tourné en 1958 par Richard
Fleischer. Un film (surestimé, à mon avis) que préfèrent
d'ailleurs beaucoup de cinéphiles au chef-d'oeuvre de McTiernan
; un film qui servit d'inspiration à John Milius lors de la préparation
de son immortel CONAN, LE BARBARE (encore un chef-d'oeuvre, allez hop)
; un film, enfin, qui tournait en boucle sur les magnétoscopes
de la production lors du tournage du 13EME GUERRIER (cf. interview
d'Asbjørn Riis).
Février 1998
Le faux titre (?) :
BATTLEGROUND
(en VF : "CHAMP DE BATAILLE")
Le titre-rumeur. Apparemment envisagé au moment
où EATERS OF THE DEAD commençait à déranger
certaines oreilles. Là encore, un seul problème : déjà
pris. Et, là encore, par un classique (moins surestimé),
du film de guerre cette fois-ci : BASTOGNE (en VF), de William Wellman
(BATTLEGROUND en VO, donc). J'en vois bien qui diront que ça aurait
très bien pu convenir, étant donné que presque tous
les films de McTiernan sont eux-mêmes plus ou moins, quelque part,
des films de guerre (et ils n'ont pas tout à fait tort...), mais
les producteurs en auront finalement décidé autrement. Bon,
au moins, du coup, on ne pense plus à un certain bouquin de SF
d'un certain pape de la scientologie...
1998
Le titre-mystère :
WARRIORS IN (OF?) THE MIST
(en VF : "GUERRIERS DANS LA BRUME")
Le second titre alternatif. A première vue, pas
mal du tout, mais deux gros défauts quand même (dont le premier
n'en est peut-être pas un, à bien y réfléchir).
Primo, on ne sait pas de qui on parle : les "guerriers dans la brume",
ça pourrait aussi bien être les 13 Vikings perdus dans le
fog à bord de leur drakkar que ces brutes épaisses
de Wendols, qui mettent un point d'honneur à ne se montrer qu'en
période d'épais brouillard exclusivement... Secundo, ça
fait tout de suite penser au film sur Diane Fossey, GORILLES DANS LA BRUME
(qui, aux dernières nouvelles, ne contiendrait aucun Viking !).
Vous voyez bien qu'il y a comme un problème...
Mars 1998
Le titre définitif :
THE 13TH WARRIOR
(en VF : "LE 13EME GUERRIER")
Le titre-consensus. Attention, regardez bien, c'est presque
magique, rien dans les mains, rien dans les poches, et hop, abracadabra
: 1 - il ne fait plus du tout peur aux vieilles dames (au vestiaire, les
morts-vivants anthropophages !) ; 2 - il concentre toute l'attention du
badaud sur le (seul ?) atout-marketing du projet, à savoir SA star
: Antonio Banderas (parce que "LE 13ème guerrier", c'est
lui, comme nous l'explique en boucle la nouvelle bande-annonce) (et aussi
parce que vous savez qui c'est, vous, Dennis Storhøi et Sven Wollter
?). Cadeau Bonux : la présence d'un chiffre dans le titre, qui
rappelle les grandes heures du "film de groupe", des 7 SAMOURAIS
de Kurosawa (dont le film de McTiernan se réclame ouvertement,
ça tombe bien !) aux 7 MERCENAIRES de Sturges, en passant par les
12 SALOPARDS d'Aldrich. A ceci près qu'en fait de nombre, on a
en fait droit à un adjectif numéral ordinal (eh oui, c'est
comme ça qu'on dit), qui crée une sélection dans
le groupe : pas LES 13 GUERRIERS, mais "LE 13EME" (et on en
revient à Banderas). Un peu comme si PREDATOR s'était appelé
LE 7EME MERCENAIRE (ou LE 8EME PASSAGER, mais bon, ça, c'est une
autre histoire...).
VOULEZ-VOUS EN SAVOIR PLUS ?
- EATERS OF THE DEAD n'est pas le premier
McTiernan a avoir connu le retitrage. Saviez-vous en effet qu'avant PREDATOR,
il y avait eu HUNTER ? que PIEGE DE CRISTAL (DIE HARD) a bien failli s'appeler
NOTHING LASTS FOREVER (grosso modo : "Rien n'est éternel"),
du nom du roman de Roderick Thorp dont est tiré le scénario
(tiens, tiens !) ? que THE STAND (Le fléau) était passé
par THE LAST DAYS OF EDEN avant d'en arriver finalement à MEDICINE
MAN (en VF : "Le sorcier de l'Océan Vert", si, si !)
? que le script original de LAST ACTION HERO (qui a, un moment, été
précédé d'un "THE") portait la mention
EXTREMELY VIOLENT ? et que les producteurs de DIE HARD WITH A VENGEANCE
ont longtemps hésité entre TROUBLESHOOTER, SUPERTANKER,
SIMON SAYS et DIE HARD 3 (tout bêtement) ?
- Cet article
(très instructif) fait le point sur la pratique des changements
de titre à Hollywood (Note : le cas EATERS OF THE DEAD n'y est
pas mentionné, mais aurait très bien pu l'être...).
- Cet internaute a le bon goût de m'épargner
la peine de dresser une petite liste
(forcément non exhaustive) des titres alternatifs les plus connus
de l'histoire du cinéma. Une bonne idée, qui permet de se
rendre compte de ce à quoi on a échappé (ou de ce
qu'on a perdu, suivant les cas et l'humeur du moment...).
- Enfin, la consultation de l'incontournable
IMDB s'avère une fois de plus
indispensable pour quiconque souhaiterait vérifier que son film-fétiche
n'a pas connu de working title génial et/ou débile.
Bon surf !
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