INTERVIEWS

 

ANONYMOUS #3 (Post-production)

 

"De nos jours, les projections-tests jouent un rôle essentiel sur la plupart des films. Les titres sont souvent modifiés. En ce qui concerne celui-ci, à mon avis, soit les spectateurs des projections-tests ne l'aimaient pas, soit plus de gens se sont rendus aux projections gratuites lorsqu'on leur a dit que le film qu'ils étaient invités à aller voir s'appelait LE 13EME GUERRIER.

J'ai travaillé sur le film au tout début. Après les re-shoots, je n'étais plus disponible. Mais je suis resté assez longtemps. Je ne me souviens plus des dates exactes, disons de janvier 98 jusqu'au printemps.

Un grand nombre de spectateurs ont été désorientés lors des premières projections-tests. Il y avait beaucoup de noms bizarres, et un mélange de langues. Les spectateurs, et une partie des monteurs également, avaient du mal à suivre ! Par moments, les gens ne savaient pas très bien s'ils étaient censés comprendre tel ou tel mot, ou pas. Pour se rendre finalement compte que c'était un nom Nordique... La fin semblait aussi un peu trop rapide.

Nous avons commencé par travailler sur la version de McTiernan (en fait, on travaille surtout sur des "sous-versions", étant donné que des tas de morceaux et de petits bouts sont constamment rognés ou déplacés). Je me souviens de la (des) version(s) de Crichton, mais je ne suis pas convaincu que Crichton ait apporté des modifications majeures au film durant la période où j'étais présent. Je pense que nous avons dû travailler sur une ou deux versions temporaires, en suivant les consignes de Crichton, avant qu'ils ne repartent tourner de nouvelles séquences.

Comme je l'ai déjà dit, les studios n'hésitent pas à faire de nombreux changements suite aux résultats des projections-tests organisées par le NRG (National Research Group). En plus d'écouter les désirs impérieux de telle ou telle personne directement impliquée dans le projet, qui dira "Je n'aime pas cette partie-là..." ou "J'ai eu du mal à suivre cette partie-ci...", les studios ont souvent l'habitude de retirer une ou deux scènes, d'organiser une nouvelle projection, et de comparer les différents scores finaux. Si le film récolte 86 points avec une scène, et seulement 78 points sans elle, il est plus que probable qu'elle sera ré-insérée dans les versions suivantes. En fait, de tous les films sur lesquels j'ai travaillé durant ma carrière, un seul n'a jamais connu de versions intermédiaires ni de changements ! C'était [un film de Clint Eastwood], et j'ai appris depuis qu'il procédait tout le temps comme ça, sans previews ni remontages. Mais c'est la seule et unique fois que ça m'est arrivé. Les remontages sont devenus monnaie courante. Désormais, il n'est pas rare que 10 (voire plus) versions d'une même grosse production soient testées en projection par le NRG. Plus le studio a d'argent, plus la production est importante, et plus le film sera testé et modifié. Chaque nouvelle version coûte dans les 250 000 $. Moins il y a d'argent, ou moins il y a d'espoir de rentrées d'argent, et moins il y aura de versions. Et il est rare qu'un réalisateur ait assez de pouvoir ou d'influence pour s'opposer aux volontés du studio ou des spectateurs des projections-tests.

Les changements sont la norme, certes, mais sur LE 13EME GUERRIER, on a atteint des sommets en la matière !"

 
 

 

 
 
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