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LE TREIZIEME GUERRIER

LES CAHIERS DU CINEMA / Jérôme Larcher/ juillet-août 1999

 

Précisons d'abord que le nouveau film de McTiernan, tourné il y a plus de deux ans sous le titre EATERS OF THE DEAD, ne correspond vraisemblablement plus, tel qu'il sort aujourd'hui, aux volontés du cinéaste. Le film déplut en effet à ses producteurs, particulièrement à Michael Crichton, l'auteur du roman éponyme. LE 13EME GUERRIER est donc complètement remonté, de manière parfois incompréhensible. De là à en conclure que c'est un grand film malade, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas, même si les plus convaincus des mactierniens trouveront toujours ici de quoi se satisfaire : comme dans DIE HARD ou A LA POURSUITE D'OCTOBRE ROUGE, la majeure partie de l'action se déroule dans un lieu clos. Douze Vikings, plus un ambassadeur de Bagdad (Antonio Banderas, parfait) défendent les habitants d'un village assailli par des cannibales, mi-humains, mi-animaux. Néanmoins, le film est le plus souvent informe et incohérent, mutilé au montage, et manque d'un véritable souffle épique. Certains passages sont obscurs, la fin est rapidement expédiée, et la présence de nombreux personnages demeure énigmatique : qui est par exemple cette Reine (Diane Venora), quel est son rôle dans l'histoire ? Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que LE 13EME GUERRIER demeure en l'état un film curieux. Passé la première partie, ralentie par une mise en place longue et fastidieuse, le film surprend par des scènes époustouflantes : l'attaque du serpent de feu dans le noir, la visite du temple des monstres. McTiernan se demande comment réaliser un film d'aventures aujourd'hui. Il en résulte un film souvent chaotique et brouillon, à la mise en scène barbare, tantôt indigeste (certains ralentis), tantôt impressionnante (les scènes de combat filmées la nuit), entre un film gore et un film classique comme LES VIKINGS de Richard Fleischer : complètement à contre-courant de la production hollywoodienne. Voilà qui change des images numériques. Enfin, il n'y a ici aucun second degré : toutes les scènes de chevalerie Viking (bravoure et honneur, sacrifice pour les autres) sont le plus souvent émouvantes. LE 13EME GUERRIER ne nous emmène certes pas jusqu'au Walhala, mais sa poésie viking nous sied parfaitement en cette période estivale.

 

POST-SCRIPTUM, A L'OCCASION DE LA SORTIE DU FILM EN DVD :
LES CAHIERS DU CINEMA / Jérôme Larcher / octobre 2000

D'abord un mea culpa : lors de sa sortie en salles, on avait sous-estimé le film de John McTiernan dont l'édition en DVD permet d'apprécier à sa juste valeur l'étonnante mise en scène, là où sur le grand écran, on était surtout frappé par son incohérence (rappelons que le film fut remonté par la production à la suite de désaccord avec le cinéaste). LE 13EME GUERRIER est donc un beau film d'aventures, certes mutilé mais traversé de moments inouïs. Néanmoins, ce DVD déçoit : parmi les fameux bonus qui sont juxtaposés au film, on pensait naïvement y découvrir de nombreuses scènes coupées ; on a au contraire droit à un hypocrite making-of dans lequel Michael Crichton (scénariste et producteur du film) fait l'éloge de McTiernan alors que c'est sur son initiative que le cinéaste fut écarté du montage. Reste cette curiosité : l'éditeur propose la vision du pré-film annonce, qui permet de percevoir la sauvagerie du film tel qu'il étéait conçu à l'origine, demeurant à l'état d'ébauche dans sa version actuelle.


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