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UNE PLONGEE DANS UN MONDE BARBARE PAR LE "MAÎTRE"
JOHN McTIERNAN
SFX #73 / Philippe Desrois
/ Août 1999
L'évènement est peu commun.
Ce mois d'août, les spectateurs américains auront l'occasion
de découvrir en l'espace d'une semaine deux nouveaux films à
gros budget réalisés par le même cinéaste majeur,
à savoir John McTiernan (PIEGE DE CRISTAL). A sept jours d'intervalle
sortiront en effet THOMAS CROWN, avec Pierce Brosnan et Rene Russo, puis
LE 13EME GUERRIER avec Antonio Banderas. Pour un réalisateur dont
le dernier film (UNE JOURNEE EN ENFER) date de 1995, c'est ce qui s'appelle
mettre les bouchées doubles ! Aurait-il filmé les deux en
même temps ?
Bien sûr que non. En fait, LE 13EME
GUERRIER est de l'histoire ancienne pour lui. Une histoire au goût
amer. Tout commence en 1997 lorsque McTiernan se lance dans l'adaptation
d'un roman méconnu du prolifique Michael Crichton, "Les
Mangeurs de Morts" ("Eaters of the Dead"). Le livre
repose sur un point de départ authentique : la rencontre - relatée
dans un journal de voyage - d'un groupe de Vikings par un diplomate arabe.
Crichton imagine ensuite que le visiteur se retrouve malgré lui
dans une expédition destinée à éliminer une
horde de démons qui persécutent la communauté viking.
Commence alors pour lui un voyage au bout de l'horreur...
John McTiernan dispose d'un scénario
en béton signé Warren Lewis (BLACK RAIN) et William Wisher
(TERMINATOR 2, JUDGE DREDD), d'un confortable budget de 50 millions de
dollars, du soutien de Disney et de la bénédiction de Crichton
qui produit le film. Le projet démarre donc sous les meilleurs
auspices. Pourtant, un an plus tard, à l'été 1998,
il accuse un coût estimé entre 110 et 130 millions de dollars
et voit sa sortie repoussée d'une année entière,
tandis que McTiernan tire sa révérence, suivi par le musicien
Graeme Revell... Que s'est-il donc passé ?
PRISE DE POUVOIR
Devant le mutisme des intervenants,
difficile de démêler le vrai du faux, mais les inévitables
"divergences créatrices" sont invoquées. Michael
Crichton n'aurait pas aimé le montage proposé par le cinéaste
et aurait usé de son droit de veto. Le fait est qu'il a repris
les rênes durant l'été 1998, supervisant un nouveau
montage et refilmant certaines scènes. Par bonheur pour le film
et pour le studio Disney, un accord a pu être passé avec
McTiernan pour qu'il accepte de laisser son nom au générique
en tant que réalisateur.
Il est très rare qu'un cinéaste
de renom se fasse ainsi "débarquer" d'un projet. On se
souvient d'Anthony Mann, renvoyé du plateau de SPARTACUS, ou de
Kevin Reynolds, exclu de la salle de montage de WATERWORLD, mais, dans
les deux cas, c'était la star toute puissante du film qui était
à l'origine du séisme. Ici, c'est un "simple"
auteur/producteur - ce qui démontre l'exceptionnelle influence
acquise par Crichton à Hollywood.
Il est certain que le tournage s'est déroulé
dans des conditions très difficiles, la météo retardant
sans arrêt les prises de vues. Le film a été tourné
sur l'île de Vancouver, sur la côte Ouest du Canada : paysages
sauvages à souhait, mais météo capricieuse. Les scènes
de foule, avec chevaux, chameaux, etc., prennent un temps fou à
préparer : seulement deux ou trois minutes utilisables sont enregistrées
chaque jour. Les scènes de bataille mettent en scène 200
cavaliers qui seront ensuite multipliés en plusieurs milliers par
duplication numérique chez Cinesite. Trois drakkars sont construits
en taille réelle et peuvent réellement voguer au vent par
leurs propres moyens. Pour les scènes de tempête, un navire
est positionné en studio devant un fond bleu et balancé
par des vérins hydrauliques. L'océan démonté
sera ensuite incrusté en images de synthèse.
PERFECTIONNISME
Les plans en intérieur
ne sont pas plus aisés à filmer car le chef opérateur
Peter Menzies Jr. (UNE JOURNEE EN ENFER) tient à les tourner à
la seule lueur des torches, sans éclairage artificiel. Cela demande
bien sûr un soin tout particulier, les pellicules étant à
la limite de leurs capacités. Avec tous ces aléas, le tournage
traîne en longueur.
A l'issue du remontage, le film sort finalement
en août 1999, agrémenté d'une musique de Jerry Goldsmith
(collaborateur de Crichton sur quatre de ses films). La bande annonce
avait été diffusée dès... février 1998
! C'est le second film le plus cher de l'histoire des studios Disney après
ARMAGEDDON. Le plus ironique, c'est que les filmographies de McTiernan
et de Goldsmith vont mentionner un nouveau titre en commun (après
MEDICINE MAN) alors que les deux hommes ne se sont même pas rencontrés
sur ce film !
ENGLISH VERSION:
SFX / Philippe Desrois
/ August 1999
A DIVING IN A BARBARIC WORLD BY THE "MASTER"
JOHN McTIERNAN
The event is not common. This August, the
American audience will have the occasion to discover in the space of one
week two new films with a large budget both directed by the same major
film director, namely John McTiernan (DIE HARD). In the meantime of seven
days will be released THOMAS CROWN AFFAIR, with Pierce Brosnan and Rene
Russo, then THE 13TH WARRIOR with Antonio Banderas. For a director whose
last movie (DIE HARD 3) date of 1995, now that's what you call doubling
his efforts! Has he shot both at the same time?
Of course not. In fact, THE 13TH WARRIOR
is an old story for him. A story with a bitter taste. Everything starts
in 1997 when John McTiernan launches into the adaptation of a neglected
novel of the prolific Michael Crichton, "Eaters of the Dead".
The book is on an authentic starting point: the meeting - reported in
a trip journal - of a Viking group with an Arab diplomat. Crichton imagines
then that the visitor finds himself in spite of himself in an expedition
destined to eliminate a demonic horde which persecutes the Viking community.
Now begins for him a trip to the horror's end...
John McTiernan has a strong script signed
Warren Lewis (BLACK RAIN) and William Wisher (TERMINATOR 2, JUDGE DREDD),
a comfortable budget of 50 millions dollar, support from Disney and was
given Chrichton's blessing which produces the film. The project begins
under the best auspices. However a year later, at the summer 1998, it
shows a cost estimated between 110 and 130 million dollars and its release
has been pushed a whole year later, while McTiernan takes his leave, followed
by the composer Graeme Revell... What had happened ?
TAKING POWER
In view of the contributors silence, it's difficult to sort out truth
from falsehood, but the inevitable "creative differences " are
invoked. Michael Crichton wouldn't have liked the proposed editing by
the film director and would have used of his veto right. The fact is that
he took the control again during the summer 1998, supervising new editing
and reshooting some scenes. Fortunately for the movie and the Disney studio,
an agreement was made with McTiernan so that he agrees to leave his name
on the credits as director.
It's very unusual that a famous film director
is "thrown out" of a project like that. We remember Anthony
Mann, who got himself dismissed from the SPARTACUS set, or Kevin Reynolds,
excluded from the editing room of WATERWORLD, but in both cases, it was
the very powerful star of the film who was at the origin of the schism.
Here, it is a "simple" writer/producer - that shows the exceptional
influence acquired by Crichton in Hollywood.
It is certain that the shooting was made
in very difficult conditions, the weather delaying nonstop the filming.
The film has been shot in the Vancouver Island, West coast of Canada:
incredibly wild landscapes, but capricious weather. The crowd scenes,
with horses, camels, etc., take an long time to prepare: only two or three
minutes which are usable are recorded each day. The battle scenes direct
200 riders which will be multiplied to several thousands thanks to numeric
duplication at Cinesite. Three drakkars are built at their real height
and can really sail with the winds by their own means. For the storm scenes,
a ship is positioned in studio in front of a blue background and balanced
by hydraulic jacks. The stormy ocean will be then encrusted in computer
generated images.
PERFECTIONISM
The interior shots are not easy to shoot because the cameraman Peter Menzies
Jr. (DIE HARD 3) wants to shoot them with the torches lights, without
artificial light. That requires of course a very particular care, the
films are in extreme limits of their capacities. With all these risks,
the shooting go on forever.
After the end of the editing, the film finally
comes out August 1999, with a music of Jerry Goldsmith (collaborator of
Crichton on four of his movies). The trailer had been broadcast as early
as... February 1998! It's the second most expensive movie in the history
from the Disney studio after ARMAGEDDON. Most ironic is that the filmographies
of McTiernan and Goldsmith will mention a new common title (after MEDICINE
MAN) whereas the two men didn't even meet on this film!
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