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L'histoire débute de façon similaire à la version de John Milius, avec une carte de l'Europe et de l'Afrique modernes se transformant en carte du monde hyborien. Toutefois, il n'y a pas de "Chroniques Némédiennes" ni de narration en voix off de Conan. On retrouve en partie le dialogue du "Secret de l'acier", que Milius a par la suite rallongé et affiné. La scène du père fabriquant l'épée est déjà présente, mais de façon plus courte et plus grossière. Tout se passe très vite. Des Hyperboréens (et pas des Vanirs, comme dans le film) attaquent les Cimmériens. Le père de Conan est assailli par des sortes de "chauves-souris vautours", qui lui infligent de sérieuses blessures. Son vieux chien fidèle se jette à sa rescousse et parvient à le tirer in extremis de leurs griffes mortelles. Mais le chef de guerre des Hyperboréens, un mercenaire borgne, finit par tuer le père en le décapitant d'un coup de hache. La mère de Conan connaîtra le même sort, après s'être jetée sur le borgne avec une lance. Un mystérieux personnage fait son entrée, l'Homme à la Capuche, une chauve-souris vautour perchée sur l'épaule, passant devant les têtes coupées du père et de la mère plantées sur des piques. Le jeune Conan est déja en âge d'être un guerrier (à un moment donné, il est armé avec l'épée que son père lui a fabriquée), mais on ne le voit tuer personne. Il incline la tête, acceptant son destin, à savoir la mort ou l'esclavage aux mains des pillards victorieux. Il n'y a pas de "Roue de la Douleur". Conan est simplement enchaîné avec le reste des jeunes garçons, comme dans le film.
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Sans transition, dans la scène suivante, on découvre un Conan un peu plus âgé, des fers brisés aux poignets, courant à travers une forêt. Des loups l'attaquent et il utilise ses chaînes pour en tuer quelques-uns. Il n'y a pas de séquence "Chose dans la crypte" / découverte de l'épée atlante. Arrive un passage intéressant : alors que les loups ont encerclé Conan et sont sur le point d'en finir avec lui, ils font brusquement marche arrière et se dispersent, comme répondant à l'appel d'une femme nue (la Sorcière). Conan la suit jusqu'à son antre, une hutte émergeant d'une formation rocheuse (la description correspond assez bien à ce que l'on pourra voir dans le film). A partir de là, les choses prennent une tournure un peu ridicule, elle se met notamment à lui tourner autour en se curant le nez... Elle proclame : "Tu seras cloué à un arbre dans deux mois". Son ombre semble bouger derrière elle, indépendamment de son corps, comme douée d'une vie propre. Conan la fixe avec crainte, incertain de ce qu'il vient de voir. Elle le questionne, d'où vient-il et où va-t-il? Il répond "Du Nord, d'un enclos d'esclaves hyperboréens, dans lequel je fus retenu prisonnier pendant sept ans" et "Je vais au Sud, à Zamora, là où on ne pose pas de questions!". Elle prononce alors ces paroles (légèrement différentes de celles entendues dans le film) : "Du Nord. Un homme d'une grande force. Un conquérant. Un barbare. Qui portera la marque de la grandeur sur lui et, un jour, sera roi de ses propres mains... Et écrasera du talon le serpent Set... C'est pourquoi tu dois être stoppé! Je t'ai attendu longtemps, mon barbare." [1] Soudain, Conan se sent comme impuissant, semblant ne plus pouvoir fixer son regard (le vin était-il drogué?), et elle se jette sur lui, sous l'apparence d'un démon louve, une dague à la main. Il réussit néanmoins à lui faire lâcher sa lame. S'engagent alors d'étranges ébats. Elle l'emprisonne entre ses cuisses (un peu comme la James Bond girl Xenia Onatopp, dans la scène du sauna de GOLDENEYE), Conan semble même apprécier cela un moment. Elle se met à dire des choses comme "tu me veux, tu me veux, n'est-ce pas?", "je le veux, je le veux". Conan brise son étreinte, elle le mord. Après quelques roulades et autres empoignades, il parvient à la projetter dans le feu.
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Suite à cela, on se retrouve soudainement à Shadizar (!), où Conan fait la connaissance de deux gredins, Zang le prêtre de Mitra et Shevas le Pickpocket, qui réfléchissent au meilleur moyen de piller la Tour du Serpent et au nombre de tentatives ayant déja échoué. Dans une taverne, il rencontre une prostituée et se bat pour elle, parce qu'un certain Strabo la désire lui aussi. |
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On se retrouve ensuite dans les appartements du roi Prospero, rongé par un mal mystérieux infligé par magie. Sa soeur, la princesse Yasmina, est pourtant l'une des rares personnes de la cour à soupçonner l'origine surnaturelle de sa maladie. Au moment où nous les découvrons, Prospero est en train de vociférer après elle comme un dément, visiblement sous l'effet d'un sortilège ou d'une drogue ; ses propos sont incohérents ; il est plus qu'évident que la folie le guette. Il demande par exemple à sa soeur de le poignarder en plein coeur, de prendre son âme sur le champ [2] et il ne cesse de l'appeler "Taramis", ce qui la stupéfie au plus haut point. Comme possédé par quelque démon, le roi attaque Yasmina, qui se voit alors contrainte de le tuer. Désemparée, elle entreprend de quitter l'enceinte du palais afin d'enquêter et tombe sur une de ses servantes, Zenobia. |
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Pendant ce temps, Conan se rend à la Tour du Serpent et y rencontre un certain Taurus. Taurus : "Tu n'es pas un soldat, tu es un voleur, comme moi." Conan : "Qui es-tu?" Taurus : "Je suis Taurus de Némédie - et toi?" Conan : "Conan de Cimmérie... J'ai entendu parler de toi. Le Prince des voleurs!" Ils deviennent vite amis. Taurus jette un grappin vers le sommet de la tour, ils l'escaladent. Taurus attend Conan, mais lorsque le Cimmérien arrive en haut et se penche pour remonter la corde, Taurus disparaît dans une pièce. Conan se retourne pour chercher Taurus du regard mais ne le voit pas ; il ouvre alors une porte et découvre une hideuse créature humanoïde de deux mètres de haut, frappant à mort le corps flasque de Taurus. Le monstre, chauve et recouvert de mucus, n'a pas d'yeux, mais de longs bras et de gigantesques mains d'étrangleur. Conan le transperce de part en part, comme dans le fameux dessin de pré-production de Ron Cobb présent dans les bonus du DVD, les deux mains sur la poignée de son épée, l'enfonçant à travers l'estomac de la bête.
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On retrouve Yasmina en présence du mage Valthemos et discutant du mal mystérieux qui se répand sur le royaume. Ils découvrent que Thulsa Doom est derrière tout cela. Valthemos : "Il y a un serpent dans ta demeure, Yasmina - venu de Stygie dans un vent fétide, pour tuer l'âme humaine... Comme cela fut il y a bien longtemps, aux jours de Kull, avant qu'Atlantis ne sombre..." Yasmina : "Où se trouve ce serpent?" Valthemos : "Le serpent était appelé Set. Il guerroya avec les Cieux et vivait profondément dans la Terre - il donna naissance en six jours à un grand sorcier dans un oeuf. Ce sorcier a de nombreux noms, de nombreuses formes. Certains l'appellent 'Acheron', d'autres dans des contrées lointaines 'Xachuxtel'... et certains l'appellent Thulsa Doom... le Laquais de Set..." Thulsa Doom veut organiser une sorte d'Holocauste, réduire l'humanité à la ruine et à l'esclavage, jetter le monde dans les flammes et le chaos, ramener l'homme à un stade sous-humain comme à l'aube de son histoire, etc. Set sera tout puissant à nouveau, comme aux temps jadis. Il y a un côté très lovecraftien chez Set et Thulsa Doom, on retrouvera d'ailleurs certaines similarités dans les films CONAN LE DESTRUCTEUR et KULL LE CONQUERANT. |
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Après cette discussion entre Yasmina et Valthemos, on revient à Conan dans la Tour, qui voit la Pierre de Set. En s'approchant, il découvre son monstrueux gardien : un serpent géant, lové autour d'elle. C'est alors que l'homme-bête, qu'il pensait avoir terrassé tout à l'heure, se relève d'un bond et ils combattent à nouveau! Après sa mort, le serpent s'éveille et attaque Conan. Suite à une lutte particulièrement éreintante, ce dernier le terrasse, mais la Pierre lui échappe ; des prêtres accourent pour le stopper, l'un d'eux la récupère. |
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Nous retrouvons Conan, arpentant les rues de fort mauvaise humeur car il a perdu son butin et son épée dans la Tour. C'est à ce moment de l'histoire qu'il rencontre finalement Yasmina. Après qu'elle aie quitté Valthemos, Shevas et Strabo lui ont dressé une embuscade, à elle ainsi qu'à Rinaldo, qui vient de succomber. Conan intervient et combat Strabo à nouveau. Il supprime les deux coquins. Troublé par la sombre beauté de la princesse, Conan se montre bien sûr très entreprenant. Mais elle, bien sûr, n'apprécie pas du tout ses avances, elle le mord et le griffe, l'insultant même : "Imbécile! Espèce d'ignorant, barbare stupide!" Conan lui fait remarquer qu'il vient juste de lui sauver la vie et qu'elle pourrait se montrer plus reconnaissante. Il rit et fait mine de s'éloigner : "N'essaie pas de me suivre ; tu sens plus fort qu'une traînée hyrkanienne..." Yasmina se ravise : "Attends - Attends un instant. S'il te plaît!" Elle lui demande alors de la raccompagner jusqu'au palais royal, où elle dit habiter. Conan accepte, sans trop y croire... Jusqu'à ce qu'ils arrivent au palais! Une fois là, elle lui révèle enfin qui elle est : "La Princesse Yasmina de Zamora". Après s'être tous deux présentés, elle décide d'engager Conan comme guerrier. Volmano, le capitaine de sa garde, n'apprécie que très moyennement l'idée et proteste. Conan et lui entrent dans la classique dispute houleuse. |
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Plus tard, deux silhouettes encagoulées se déplacent dans les couloirs du palais et s'approchent de Volmano. Il est de mèche avec Taramis! La première silhouette est féminine (c'est Taramis) et la seconde est Brak [3], un homme-bête aux yeux rouges et au faciès de porc/gorille. Almuric, un prétendant royal, tombe malencontreusement sur le trio en plein conciliabule : il méprend la première silhouette pour Yasmina, avant que Brak ne lui brise le cou. Taramis pénètre dans la chambre de la princesse. Celle-ci est abasourdie par la présence de sa soeur, présumée morte depuis leur enfance à cause d'une morsure de serpent. Yasmina regarde le reflet de Taramis dans un miroir et constate avec horreur qu'il révèle une forme inhumaine à tête de serpent! [4] Elle tente d'atteindre sa dague, mais Taramis attrape son bras et la force à regarder la dague qui se transforme en serpent, s'enroulant autour de son poignet! |
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Pendant ce temps, Conan émerge des vapeurs nocturnes de l'alcool, avec Zenobia à ses côtés, dans son lit. Il va jusqu'au balcon pour vomir tout ce qu'il a ingurgité la veille, boisson et nourriture. C'est alors qu'il aperçoit des mutants traversant subrepticement l'une des cours du palais. Retour à Taramis, qui a berné la majorité du palais en se faisant passer pour Yasmina. Elle marche vers le portail principal et l'ouvre... Fait son entrée le grand, maigre et encapuchonné... Thulsa Doom! Brak et ses guerriers mutants massacrent tous les prêtres de la reine. Conan, qui a rejoint les appartements de Yasmina, est stupéfait par le carnage. Il se taille un chemin à grands coups d'épée jusqu'à elle, mais réalise bientôt que ce n'est pas elle! Il voit également Thulsa Doom, qui a soulevé sa capuche pour révèler son visage hideux. Conan prend la fuite en glissant le long d'une colonne, les mutants à ses trousses. Il se débarrasse de la plupart d'entre eux. Brak accomplit alors un "saut de kung-fu" (ce sont les propres mots employés par Stone dans son script!) jusqu'au bas du pilier pour l'atteindre. Il écrase encore et encore le visage du Cimmérien contre le marbre. Mais Volmano le veut vivant... Il ordonne à Brak de le crucifier. |
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Conan est cloué à l'Arbre de la Mort dans une zone désertique ; il observe les vautours qui tournoient au-dessus de sa tête. Volmano chevauche jusqu'à lui : "Tes gardiens sont pressés de nous voir partir... J'ai vu des rebuts de ton espèce, suspendus pendant des heures, sans yeux, ni oreilles, ni cuir chevelu - attendant, suppliant que ces becs acérés leur percent le coeur et mettent fin à la douleur..." Conan, en colère et agonisant : "Qu'as-tu fait de Yasmina?" Volmano, impatient : "Yasmina? Dans la plus profonde et la plus sombre oubliette de Shadizar - Où elle vieillira en attendant que tu viennes la délivrer... Va en enfer, pourceau barbare!" Et il s'éloigne. La suite est assez fidèle à ce qu'on voit dans le film (Conan tuant un vautour à pleines dents, etc.). Quatre cavaliers surgissent alors de nulle part ; Conan lève les yeux et les voit... Ils se demandent qui il était pour se voir infliger un tel sort. Valeria se trouve parmi eux, elle donne à boire à Conan de sa gourde. Ce qui met en colère Janus, l'un des autres cavaliers. |
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Rapide retour sur Yasmina, qui se morfond dans sa cellule. Taramis vient lui rendre visite et sort d'un baluchon les têtes de Zénobia et d'Almuric... Yasmina est profondément attristée. Nous découvrons ensuite que Janus n'est autre que le mercenaire borgne qui a pillé le village natal de Conan! [5] Les deux hommes se querellent. Janus : "J'ai eu pitié de lui et lui ai laissé la vie." Conan : "Ha! Ce fut la plus grosse erreur de ta vie, salaud à un oeil." Valeria est très surprise. Conan : "Et la seconde fut de m'avoir laissé la vie le jour où tu massacras ma mère et mon père dans un village cimmérien!" [6] Les hommes de Janus maîtrisent Conan... Valeria intervient et dégaine épée et dague pour l'aider : "Attends, les lois de la Fraternité, Janus! Un duel à la loyale, épée contre épée, vie contre vie... Rappelle ta bande!" Conan affronte donc Janus dans un combat singulier, au terme duquel il le tue (le combat se déroule exactement comme dans les films de Rocky : il perd au début, puis se reprend et gagne finalement). Conan est désormais le nouveau champion des Flibustiers. |
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A partir de là, le récit devient très confus, et se trouve surchargé de personnages et d'éléments surgissant d'on ne sait trop où et ne servant aucun but si ce n'est celui de prolonger artificiellement l'histoire. On retombe à nouveau dans le ridicule, avec par exemple des mutants poilus ressemblant à des petits lapins (!!!) et un tas d'autres foutaises, semblant tout droit sorties de la scène de la cantina de LA GUERRE DES ETOILES (d'où elles n'auraient jamais dû sortir!). |
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Le script de Stone est divisé en deux parties. La seconde partie commence avec Valeria, Conan et leurs Flibustiers, poursuivis par les armées de royaumes hostiles. Une cavalerie shémite, ressemblant à des Babyloniens, poursuit la Fraternité sous des trombes d'eau. Apparaissent alors d'étranges archers de type chinois, aux visages peints, qui attaquent également la Fraternité. Tout cela est amené dans l'histoire sans réelle motivation et en déprécie la narration, la faisant partir dans une autre direction. Conan est supposé être avec Valeria depuis deux mois après sa crucifixion, impliqué dans l'activité de la Fraternité, se livrant à des raids, pillant, motivé par le butin comme elle. Ils se retrouvent piégés dans une sorte de ravin, combattant ces armées à cheval. Conan et Valeria luttent dos à dos. Ils parviennent à s'enfuir avec 400 compagnons. |
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Après cette bataille, Conan, sous sa tente, demande tout d'un coup à Valeria de l'aider à combattre Thulsa Doom et attaquer le Zamora! N'y voyant aucun intérêt, elle propose d'attendre un an ou deux, et alors peut-être, comme ils auront plus d'hommes et de butin... Valeria pense qu'il est ivre de vengeance. Ils se disputent verbalement, avant d'entrer dans un petit combat sensuel, puis de faire l'amour. |
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Nouveau retour sur le Zamora. Conan a réussi à convaincre Valeria de se joindre à lui dans son projet de reconquête. L'ancien grand royaume est maintenant devenu une sorte de pays décadent, sanglant et hédoniste, où les femmes humaines donnent naissance à des enfants à moitié mutants, les gens sont exécutés s'ils ne vénèrent pas Set, des piles de crânes sont assemblées par endroits, on croise des mutants à tête d'insecte. Il y aussi un chien à trois têtes (une sorte de Cerbère), rôdant dans les rues quand Conan et Valeria pénètrent clandestinement dans la ville. Il s'approche du Cimmérien mais ne l'attaque pas, car Conan est trop imposant pour lui, et se détourne pour aller s'en prendre à un pauvre mendiant un peu plus bas. Conan se débrouille pour retrouver Zang, qui lui fournit un plan secret des souterrains courrant sous la cité. Grâce à lui, Conan et Valeria, accompagnés d'une poignée d'hommes, parviennent à s'infiltrer dans le palais. Conan libère la princesse ; ils cheminent des cellules vers les appartements royaux, tombant au passage sur un rat géant rosâtre (!) qui tue l'un des compagnons. Valeria déboule dans la chambre de Taramis, qui est en train de se faire prendre sauvagement par Brak l'homme-bête sur un fond musical. Elle dégaine son épée et commence à tuer deux ou trois mutants. Brak se lève, attrape une hache à double tranchant géante et abat guerrier après guerrier pour atteindre Valeria. Elle lui fait face, mais faiblit rapidement devant sa force brute. Conan se rue alors dans la pièce, lançant un poignard sur l'homme-bête. Valeria poursuit Taramis qui cherche à s'éclipser. Conan et Brak luttent au corps à corps sur le sol, le premier s'acharnant avec sa dague sur le second. Il l'achève enfin. De son côté, Valeria parvient à éliminer Taramis, qui n'en finit pas de mourir, dans une mare de sang, en sifflant et en agitant sa langue de serpent (elle est un peu comme Raspoutine - les méchants sont durs à tuer dans ce script!). Pendant ce temps, une centaine de Flibustiers forcent les portes de la ville et fondent sur les forces mutantes qui ne s'y attendaient pas.
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La bataille de Zamora est terminée. Valeria rencontre enfin Yasmina mais, se sentant trahie par Conan, elle la boxe dans un accès de fureur et de jalousie. Conan s'étant montré incapable de la raisonner, elle quitte la cité de Shadizar, avec la Confrérie. Conan reste planté là avec Yasmina. Suite à la libération du Zamora, la princesse parvient à convoquer/recruter le noble général Pallentides et ses chevaliers. Un autre général, Trocero, apparaît également, ainsi que Murillo (ces personnages surgissent de nulle part, sans explication aucune, et étaient jusque là absents de l'histoire). Yasmina offre à Conan de conduire ses armées à la victoire ou la défaite. Cela met Pallentides et Trocero en colère, qui pensent que ce barbare n'est ni capable ni digne de commander une telle force. Ils se rectractent rapidement après avoir entendu les paroles sages du Cimmérien et les commandements impérieux de la princesse. |
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Deux mutants, ayant echappé à la débâcle, chevauchent pour retrouver Thulsa Doom dans l'Ouest, qui est engagé dans une opération militaire contre l'Aquilonie. En raison de ce nouveau conflit inattendu, Doom est obligé de faire demi tour vers l'Est et de revenir en Zamora avec son armée pour détruire Conan. Il invoque son père Set, qui sort du sol, avec de gigantesques tentacules crevant la surface de la terre l'un après l'autre. Cette partie vient, à nouveau, sans raison logique satisfaisante. |
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La nuit est tombée sur le camp. Conan, dans sa tente, sent la présence de la Sorcière ; il remarque son ombre étrange, mais ne la voit pas ; il sent sa présence, puis l'entr'aperçoit, grimaçante. Elle disparaît... Conan a peur, il ferme les yeux, se met à genoux et prie Crom :
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CONAN
Crom! - Mon père m'a dit il y a bien longtemps que tu étais un dieu sauvage - et d'après ce que j'ai vu, il avait raison - Tu es un sale fils de pute... Mais aujourd'hui, les choses vont mal - Ces gens que nous combattons, sont les ennemis de toute l'humanité, et tu le sais. Je ne t'ai jamais prié auparavant, ce n'est pas mon genre, mais je te demande maintenant Crom, de... nous aider demain. De nous donner la force pour que nous puissions entrer sur le champ de bataille et tuer ces salauds avant qu'ils ne nous tuent...
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C'est l'aube. Il y a du brouillard (un peu comme dans EXCALIBUR). Deux armées, l'une de la lumière, l'autre des ténèbres, vont s'affronter dans une guerre contre nature. Une grande partie de cette bataille est très difficile à suivre, les personnages se perdant dans le maelström, à tel point que c'en est parfois comique. Conan tue une harpie vêtue de cuir après qu'elle l'aie lacéré. Pallentides affronte les Machines de la Mort, des créatures mécaniques aux yeux rouges (étrange - je pense qu'il s'agit juste de mutants en armure ; "description complète et détaillée laissée aux types des effets spéciaux" note Stone dans son script). Il y a aussi les chevaux stygiens, qui crachent du feu par les naseaux.
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A un moment donné, Pallentides est berné et pense que le brouillard a aveuglé l'ennemi. A l'encontre des ordres de Conan, il se jette dans un piège avec ses chevaliers. Doom invoque une flamme surnaturelle pour l'engloutir, lui et ses hommes ; elle dévore son armure, comme un acide blanc (ALIEN?), et il se désintègre. Conan ordonne à ses troupes de tenir leurs positions contre la Horde en Armure. Les porcs-mutants sont décrits comme portant des casques ressemblant à ceux des nazis (cela m'a rappelé les Orks de Ralph Bakshi dans son dessin animé LE SEIGNEUR DES ANNEAUX). Arrivent alors des mutants à tête de hyène, et la Légion des Mouches, qui obscurcit le ciel. Conan et son armée sont presque mis en déroute par Thulsa Doom, qui reste assis en méditation tandis que son armée massacre. Doom a invoqué des harpies, l'une d'elles tue Murillo en lui arrachant la tête et la jette à Conan. Valeria fait alors son grand retour, chevauchant à la tête de 400 Flibustiers pour tenter de renverser le cours la bataille. Il y a un passage durant lequel Volmano, à dos de cheval, frappe Conan à la tête avec une masse d'armes qui cabosse son casque et l'envoie inconscient au sol. Lorsque Volmano fait volte-face pour donner le coup fatal, une flèche l'atteint et il tombe de sa selle : nous découvrons alors que c'est Valeria qui l'a tirée, elle a sauvé la vie de Conan et est venue avec son armée. Cette scène annonce bien sûr un passage similaire de la Bataille des Monticules dans le film de Milius. |
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L'issue de la bataille est en train de basculer. Doom sort de sa léthargie, saisit son épée, enfourche son chariot de guerre [7] et dévale la montagne en tuant tout ce qui se trouve sur son passage, y compris ses propres mutants! Conan et Valeria se battent à nouveau dos à dos. "Un immonde monstre sort de nulle part - chauve, le visage couvert de bosses, privé de sourcils, agitant une énorme boule armée de pointes au bout d'une chaîne vers Valeria, qui fait reculer son cheval. La boule rate... Conan taillade la créature, un horrible cri et un étrange murmure se font entendre, un liquide sanguin blanc, comme du "ice fish" de l'Antartique, est projeté tout autour et la créature tombe par terre". Conan et Doom s'affrontent. C'est vraiment une série de batailles et d'images, très difficile à suivre. Doom se transforme en gargouille ailée à quatre bras et attaque Conan. Ce dernier s'acharne sur la créature... Il parvient à lui trancher la tête, qui se met alors à flotter et à se promener dans les airs! La tête et les mâchoires de Doom poursuivent Conan, avec une langue d'un mètre de long. Le torse se dresse sur ses pattes, agite ses ailes et une nouvelle tête de serpent s'extirpe de ses épaules. C'est un peu comme si la tête de Doom était immortelle! A chaque fois qu'il le tue, quelque chose de nouveau survient. Elle se moque même de Conan, fait des clins d'oeil et lui sourit (encore une référence à ALIEN?). Conan parvient finalement à terrasser Thulsa Doom. Set fait une dernière apparition, violemment spectaculaire, mais seulement pour réclamer le corps de Doom et le remporter en Enfer. |
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Conan retourne auprès de Yasmina, qui lui offre son royaume. Il refuse la proposition, bien qu'il soit clair qu'il éprouve des sentiments pour elle. [8] Mais il préfère rejoindre son autre amour, Valeria, et ils chevauchent ensemble vers le lointain, en compagnie des Flibustiers... A noter : sur le chemin qui la conduit vers elle, Conan passe devant l'Arbre de la Mort, où l'on découvre qu'il a fait crucifier Volmano, l'homme qui l'avait fait crucifier auparavant! Volmano implore sa pitié, mais Conan le laisse pourrir sur place.
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Un script vraiment très bizarre! Très dur à suivre, souvent en raison du style étrange de Stone. Un manque de profondeur se fait sentir à certains moments, on trouve des dialogues stupides ou faibles à d'autres. Et parfois aussi d'excellents dialogues, ce qui est vraiment appréciable. On pourrait même utiliser certains éléments pour, en quelque sorte, remplir les "trous" du script de Milius (dans lequel il est fait allusion à beaucoup de choses, sans les expliquer - comme par exemple les origines de Thulsa Doom ou ses réelles motivations). |
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La page de couverture indique : "Scénario d'Oliver Stone, d'après les histoires de R. E. Howard, avec ajouts ultérieurs de L. Sprague de Camp et Lin Carter". Je pense toutefois que les "ajouts ultérieurs" sont simplement là pour justifier les crédits, en raison des livres de Conan que De Camp écrivit ou vit publié sous son nom à l'époque (il détenait les droits). Je n'ai en effet retrouvé aucune trace de ses pastiches dans le script de Stone ; en fait, il est surtout constitué de plein de morceaux issus de Howard, comme les noms, piochés à droite et à gauche (Prospero, Almuric, Murillo, etc...). Les nouvelles "Une Sorcière viendra au monde" et "Le Colosse noir" ont été utilisées comme source d'inspiration principale. [NDT] La seule exception notable étant l'utilisation du tout début de "La Chose dans la crypte", lorsque Conan, poursuivi par des loups, escalade un tumulus constitué de rochers et les affronte avec ses chaînes. Mais, comme je l'ai déjà signalé, la scène de la découverte de l'épée et du squelette n'a pas été reprise par Stone. Les loups sont simplement rappelés par la Sorcière, quand Conan les affronte. La façon dont il se procure son épée n'est jamais expliquée ou mentionnée ; pourtant, il en porte bien une à son arrivée à Shadizar. [9] |
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La description que Stone fait du jeune barbare évoque plutôt un sauvage amérindien (son Conan n'est donc pas fidèle à celui d'Howard de ce point de vue-là!) :
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Le garçon, entouré par les hauts arbres bordant le torrent, descend et lance une provision de grenouilles et d'écrevisses sur son épaule - et s'en va, un bel enfant de 13 ans avec des cheveux noir brillants, de grands yeux noirs, et un corps musclé nerveux, en mocassins lacés et vêtu de morceaux de peau de loup...
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La référence au Lotus Noir est présente dans le script de Stone, mais elle fonctionne un peu différemment du film et des nouvelles originales. A un moment donné, Conan assiste à une querelle entre deux hommes. Celui qui achète le Lotus Noir prévient le vendeur, "Tu as intérêt à ce que ça ne soit pas du Yara!" (on retrouve à peu près le même dialogue que dans le film). Mais, chez Stone, la drogue est exactement comme de la cocaïne, à ceci près qu'elle est de couleur brune : coupée sur un miroir, sur la table, et sniffée, comme on le ferait avec de la coke! |
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Le Conan de Stone fonctionne comme un récit d'horreur et d'heroïc fantasy à la Howard/Lovecraft, mais, au fil des pages, on pense aussi à "L'Enfer" de Dante, à LA PLANETE DES SINGES et à EVIL DEAD. Voici par exemple le passage où Conan et Valeria entrent dans la cité (duquel Milius a vraisemblablement tiré l'idée du festin cannibale qui a lieu dans les entrailles de la Montagne du Pouvoir. La séquence des sorcières stygiennes du CHOC DES TITANS vient également à l'esprit) :
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Cuves bouillonantes - Vapeur s'élevant. Des mutants ailés à têtes d'insectes tiennent des personnes âgées par les chevilles, les immergeant comme des homards gémissants dans des cuves d'huile bouillante, que d'autres mutants apparentés à des chauves-souris remuent avec de longues spatules plates... Dans les cuves, des portions de personnes âgées flottent jusqu'à la surface, hurlant - pour se voir frappés et enfoncés et remués comme s'ils n'étaient que de la soupe - Sur le côté, supervisant l'opération, un énorme mutant, combinaison de caractères insectoïdes et aviaires, mâche très calmement une vieille femme dans son immense bec à mandibules, dardant une étrange langue orange d'1m20 de long qui lèche tout le corps de la femme, se l'enfonçant simultanément au fond du bec... A l'arrière-plan, un autre mutant, de caractéristiques similaires, force une vieille femme à avaler du charbon... Encore plus en retrait, un autre mutant, d'aspect similaire, est courbé, utilisant un marteau pour percer la langue d'une vieille femme avec des clous chauffés au rouge comme elle se tord de douleur sur le sol, dans un cri muet..
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On voit bien ici que Stone reprend à son compte certaines descriptions de Dante, ainsi que diverses autres idées datant du Moyen-Age. |
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Quelques critiques que j'émettrais : |
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Dans ce script, Conan ne se fait jamais blesser, c'est vraiment un "Superman" ; ses compétences et ses motivations ne sont jamais expliquées, ce qui maintient le niveau de crédibilité au plus bas. Il semble savoir où il veut aller, en dépit du fait qu'il a été esclave durant sept ans, et qu'il n'a jamais quitté la Cimmérie durant son enfance. Lorsqu'il s'évade, il est déja musclé, sans qu'on sache comment. Il n'a aucune idée de la raison qui le pousse à aller en Zamora (il ne se renseigne pas sur l'emblème de Thulsa Doom, et la Sorcière ne mentionne jamais le Zamora). On est surpris par le grand nombre de brutalités que Conan endure, et pourtant, à chaque fois, il s'en sort et repart sans trop de difficulté. Pour être tout à fait honnête, il n'aurait jamais dû survivre au "pilonnage" intensif administré par Brak, quand ce dernier fracasse son crâne de façon répétée contre le pilier en marbre. Ses compétences ne sont pas détaillées clairement : comment est-il devenu si grand et si fort? où a-t'il appris à se battre à l'épée avec autant de dextérité? pourquoi/comment est-il capable de commander des armées aguerries? pourquoi veut-il aller au Zamora, sans même savoir (on suppose) le situer sur une carte? Ses motivation sont douteuses. Il y a beaucoup de passages ridicules, comme cette scène dans la Tour où il perd son épée et la Pierre de Set, ce qui est totalement injustifié! Et juste après avoir été libéré de la croix, il parvient à combattre et défaire Janus, oui, juste comme ça! |
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Le script de Stone manque vraiment de cohérence narrative, et de détails. Par exemple, on peut "présumer" que la sombre et mystérieuse silhouette encapuchonnée, aperçue dans le village natal de Conan avec les chauves-souris vautours sur l'épaule, est Thulsa Doom. Mais, à part ça, rien, pas même de description détaillée. Aucune autre information ne sera fournie et sa présence en ce lieu ne sera plus jamais mentionnée ni expliquée... Cet élément est tout simplement oublié durant le reste de l'histoire. Ce qui nuit fortement au personnage (et au récit), puisqu'on en est un peu réduit à se creuser la tête pendant un moment, en se disant : "Bon sang, mais où est passée la suite?" Sa connexion avec le raid sur le village cimmérien est inexistante. Doom, nous le savons, était bien là, mais sa présence semble purement fortuite, Conan n'a aucune raison précise de le haïr (puisque, dans ce script, ce n'est pas lui, mais le mercenaire borgne qui tue ses parents). Aucune vraie liaison n'est établie entre les deux personnages, et on se demande bien pourquoi le destin de Conan serait d'être "celui qui écrasera les serpents de la Terre"... Beaucoup de sous-intrigues sont soit perdues, soit complement oubliées en cours de route. Volmano et Janus, par exemple, sont isolés du courant principal de l'histoire, en sont désunis et séparés, alors qu'ils devraient y être intrinsèquement intégrés (cf. la façon dont Milius a tout relié à Doom et Rexor). On a parfois l'impression que chaque nouvel évènement se produit miraculeusement, sans aucune raison apparente... Dans le script de Stone, tout semble tenu pour acquis, directement jailli de l'esprit de l'auteur. |
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Conan n'était-il pas censé découvrir une affiche du film KING KONG dans un souterrain? C'est du moins ce que j'avais cru lire ici ou là... Le passage en question est bien présent dans le script de Stone, mais très court, je l'ai quasiment manqué (en fait, il m'a même échappé à la première lecture...)! La scène se déroule lors des descriptions complexes et interminables de la ville prise d'assaut par les mutants et des exactions auxquelles ils s'y livrent... L'action se traîne d'ailleurs péniblement à ce moment-là. Juste avant de s'infiltrer dans le palais royal et de sauver la princesse, alors qu'il se faufile dans Shadizar en évitant les envahisseurs, Conan, à la recherche du prêtre Zang, aperçoit quelque chose sur le mur d'un bâtiment : "En passant devant l'entrée d'une ruelle - un poster effacé - la moitié d'un visage - "Tyrone Pow... BLOOD AND ST..." (seule et unique allusion de tout le film, laissée pour telle) - Il regarde d'un air dubitatif".
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Ce sont là les propres mots de Stone. Les lettres sont supposées être a demi effacées, mais le titre sur l'affiche n'est donc pas du tout KING KONG (surprise!) : c'est (vraisemblablement) BLOOD AND SAND, un film des années 40 avec Tyrone Power. L'idée de remplacer ce titre par celui de KING KONG est sans doute apparue plus tard, peut-être pour faire un appel du pied à Dino De Laurentiis au moment où il reprenait les rênes du projet. A moins qu'il ne s'agisse tout bêtement d'une simple rumeur? Dans tous les cas, la présence de cette affiche de film moderne dans l'histoire pose problème, car la scène d'ouverture (qui décrit la transformation du monde tel que nous le connaissons en Hyboria) nous dit clairement, au contraire, que ce monde est "ancien" (tout comme chez Robert E. Howard) :
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Une carte de l'Europe actuelle, l'Asie, l'Afrique, l'Amerique... Comme la musique monte, la carte commence à bouger et s'écrouler - un océan se contracte, un autre s'agrandit ; les convulsions de la Terre dessinent de nouveaux continents, en détruisent d'autres, des montagnes jaillissent, des glaciers se déplacent, des déserts disparaissent sous les vagues... et la carte des Royaumes Anciens apparaît - Aquilonie, Némédie, Cimmérie, Shem, Zingara, Vanaheim, Hyperborée, Zamora, Koth, Turan, Hyrkanie, Stygie, etc., chacun avec sa capitale... On se rapproche de la Cimmérie, dans la partie nord-ouest de l'ancienne Europe.
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Cette histoire d'affiche de cinéma n'a donc aucun sens, pas plus que cette autre scène où Valthemos le Mage (une sorte de prophète mystique à demi fou, compromis entre Léonard De Vinci et Nostradamus) évoque le futur. Voici le passage en question :
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VOLTHEMOS
Il n'y a rien que vous puissiez faire. Votre royaume sera le premier à tomber. Puis le reste du monde civilisé. La liberté et la lumière périront - La barbarie reviendra. Comme il fut autrefois.
Les hommes se retireront dans les cavernes et vivront sans feu, donnant naissance à des créatures qui remonteront dans les arbres et ramperont dans les abîmes de l'océan... et Thulsa Doom règnera dans la peur - dans la sorcellerie et l'esclavage, et avec Set... Et cela aussi disparaîtra - et le Nouveau Monde viendra - et l'homme redécouvrira le feu et l'acier, la raison et la beauté ; et une fois encore Il sera Roi - et un jour il voguera parmi les étoiles - PARMI LES ETOILES, Yasmina! Dans des navires de glace! Dans des navires... de glace.
Il tend le bras pour désigner une machine volante dans son livre, et meurt dans une vision.
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Ces "navires de glace" sont manifestement des navettes spatiales, peintes d'une couleur blanche argentée. Ce monologue de Valthemos est le seul autre indice d'un monde futur moderne présent dans le script... J'imagine que le récit de Stone s'inscrit dans une sorte de paradoxe temporel un chouilla merdique et compliqué!
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Mais, comme je le disais plus haut, il y a également de très bons passages et de très bonnes idées dans son script, de merveilleuses nuances. Comme ce langage qu'il invente spécifiquement pour Thulsa Doom, Taramis, Brak et les mutants, utilisant l'anglais, mais en le déformant complètement de façon à le rendre incompréhensible. Exemple : "Wab dabo abou kakeeb abu tabis fabark?" (= Why do you keep up this farce?, soit, en français, "Pourquoi continuez-vous cette comédie?") Des répliques entières sont ainsi parfois prononcées dans ce charabia par Brak et les autres. J'aime bien cette petite trouvaille, je trouve cela très bien vu. Dans son propre script, Milius n'a conservé qu'une seule phrase (quelques mots, en fait) de cette langue mutante, pour le Grand Prêtre Yaro, sur les escaliers, à la fin du film (mais la scène a été coupée de toute manière) : "Kabil--Kabil---hakim--" Notons également qu'Oliver Stone mentionne dans son scénario, entre parenthèses, les thèmes guerriers de ALEXANDRE NEVSKY composés par Rimsky Korsakov, qu'il associe à certaines scènes de combat... Je suppose qu'il souhaitait utiliser la musique du film d'Eisentein, ainsi que du Wagner je crois (tout comme Milius, avant que John Boorman ne lui grille la priorité dans son EXCALIBUR). |
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L'un dans l'autre, en étant 100% objectif, le script de Stone est très honnête et agréable à lire, mais jamais réaliste ni précis. Le film qu'on aurait pu en tirer aurait été très pauvre. Il manque quelque chose, trop d'évènements se déroulent en même temps. Les personnages sont peu ou pas assez développés, principalement ceux de Conan et de Thulsa Doom. L'ensemble est finalement assez décousu, et parfois brouillon, comique, idiot et s'appesantissant sur des description interminables. Trop de personnages apparaissent, pour être ensuite oubliés durant de nombreuses pages. |
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Ce que Stone aurait dû faire, c'est ce que Milius a fait : mieux personnifier Thulsa Doom ; resserrer l'histoire ; faire de Doom celui qui a rasé le village de Conan, avec ses bannières serpentines et ses étendards qui resteront gravés dans l'esprit et les souvenirs de Conan, et lui donner un but et une quête, comme chercher de l'Acier ou autre chose ; créer un seul Brak (Rexor) et éliminer les rétardés mentaux que sont Volmano et Janus ; se débarrasser des mutants ridicules et autres boules de poils géantes, et conserver uniquement les hommes-serpents comme laquais de Set ; mettre de côté le triangle amoureux Conan-Yasmina-Valeria ; faire, enfin, de Conan un champion de l'arène et un grand guerrier dans la tradition orientale, ce qui apporte une crédibilité inestimable à sa puissance et à ses compétences. |
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Je suis plus que satisfait du script de Milius, qui est bien sûr de loin supérieur... Mais j'aime et je partage beaucoup d'idées de Stone, ainsi que nombre de ses visions qui, malheureusement, ne furent pas retenues. Il a fait du très bon travail, mais avait besoin d'aide! |
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Cromulus
Traduction (et notes complémentaires) : Chrysagon
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