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- Pourriez-vous nous dire deux mots sur vos débuts? J'ai lu que vous aviez été danseuse?

- Oui, c'est vrai, j'ai commencé ma carrière en jouant dans une grande comédie musicale et, suite à ça, j'ai été très sollicitée pour travailler dans des music hall, grâce à mes connaissances en danse (tout type de danses) et à ma bonne forme physique et esthétique. J'ai également fait du théâtre classique. Pendant des années, j'ai d'ailleurs conjugué les deux disciplines : je tournais des films le matin, puis je me rendais au théâtre pour y donner des représentations le soir.

- Comment vous êtes-vous retrouvée engagée sur CONAN, LE BARBARE?

- Justement, je jouais dans un théâtre situé dans le centre de Madrid, quand mon agent de l'époque m'a décroché un petit rôle dans CONAN. Au départ, il s'agissait simplement de faire de la figuration. Mais, arrivée sur place, John Milius a du me trouver plutôt photogénique puisqu'il a lui-même décidé d'un peu "étoffer" mon rôle, ce qui fait qu'on me voit plus longtemps que prévu à l'écran...

- Dans quelle scène peut-on vous voir précisément?


- Je suis une des esclaves de l'orgie. Si vous faites bien attention, je me détache des autres filles : on peut d'abord me voir torse nu, avec une sorte de casque sur la tête, j'ai l'air un peu "stone", évaporée; puis je me lève pour aller à la rencontre de Conan, qui me blesse au niveau du ventre, me tuant sur le coup.

- Ah, je croyais que vous étiez la fille qu'on offre à Conan dans sa grotte; c'est du moins ce qu'on peut lire un peu partout...

- Non, ça, c'est une erreur. C'est une autre fille. Je n'ai jamais joué dans cette scène. Uniquement dans la scène de l'orgie.

- L'erreur est maintenant réparée! Revenons à votre scène. Vous m'avez dit que Conan vous tuait. Or, bizarrement, dans le film, on le voit qui vous pousse simplement sur le côté... C'est bien vous sur ces deux captures?

- Oui, oui, c'est bien moi! (rires)

- Est-ce que ça veut dire que Milius a tourné deux versions, l'une où Conan vous tue, et l'autre où il ne fait que vous bousculer?

- Non, nous avons seulement tourné une scène où il me donne un grand coup d'épée. La preuve, c'est cette photo, prise pendant une pause, que vous avez mise sur votre site. Le plan où il me bouscule ne provient pas d'une version alternative: il me frappait avec son épée et ensuite il me poussait sur le côté. Apparemment, dans le film, ils ont coupé la première partie (où il m'ouvrait le ventre) pour ne garder que la bousculade...

- Il y a un petit détail qui me chiffonne : dans le film, Conan vous pousse sur la gauche; mais, sur nos photos, il semblerait que vous soyez tombée sur la droite...

- Oui, ça semble curieux, en effet... J'en déduis que c'est dû à la coupe faite au montage : après la frappe au ventre, il me poussait et, dans l'action, je finissais par tomber sur la droite.... C'est comme ça que je vois les choses.

- J'aurais bien une théorie, mais...

- Oui, laquelle?

- Et si Milius avait tourné une version où Conan pousse simplement la fille (au lieu de la tuer) avec une autre figurante, après votre départ? Je trouve que la fille qu'il pousse ne vous ressemble pas du tout. Excusez-moi de dire ça, mais on dirait qu'elle n'a pas du tout les mêmes fesses que vous, par exemple...

- (rires) Oui, ta théorie me semble assez plausible... Mais ce que je peux te dire avec certitude, c'est que celle qui est par terre, c'est bien moi! Si tu regardes bien mes fesses, tu verras qu'elles sont rebondies... Elles manquent peut-être un peu de forme quand je suis debout, mais vu que je suis penchée en avant [sur ta capture], il est normal qu'elles soient moins saillantes, non? (rires)

- Ah, c'est vous qui étiez sur la plateau de tournage, pas moi, alors je veux bien vous croire! (rires) J'ai remarqué que vous aviez une marque sur la cuisse. C'est une tache de naissance?

- (Rires) Non, en fait, c'est un bleu! Je t'explique : peu de temps avant, je venais de tourner dans un autre film, une co-production hispano-allemande, dont j'étais la vedette, LA HORA DE SUSAN WHITE (plus tard, le film a été retitré USA, VIOLACIÓN Y VENGAZA [José Luis Merino, 1983]) et il y a une scène où je suis poursuivie par un tout-terrain (4x4) qui veut me tuer. Je cours devant lui avec des talons aiguilles et, à un moment donné, je devais faire une chute, et c'est là que je me suis fait ce bleu.
 

   


- Votre scène impliquant une cascade, je suppose qu'il y a eu des répétitions, pour régler la chorégraphie, les différents gestes, votre chute?


- Oui. Terry Leonard [le chef cascadeur] était la personne qui se chargeait de ça. Nous avons fait trois essais... Seulement trois, parce que j'assimile très vite ce qu'on m'apprend.


- Vous aviez déjà fait des "cascades" au cinéma?

- Non, rien de semblable. Mais comme je suis en assez bonne condition physique, ce genre d'action un peu mouvementée ne m'a jamais vraiment posé de problème. Comme sur EL RETORNO DEL HOMBRE LOBO (Paul Naschy, 1980)... Ou, plus récemment, sur EL SEÑOR DE LOS LLANOS (Santiago San Miguel, 1987), que j'ai tourné au Venezuela. Dans une scène de ce film, je monte à cheval et j'étais censée donner l'impression que l'animal a échappé à mon contrôle, tout en essayant de rester sur la selle! (rires) Ce fut une réussite! Malheureusement, elle a été coupée au montage, pour des raisons de durée, mais je me souviens encore qu'à la fin de la prise, toute l'équipe a applaudi ma performance et salué la difficulté de la scène en question.

- Et sur CONAN, il y a eu combien de prises, quand il vous tue?

- Une seule! Tout de suite après les répétitions, la première prise a été la bonne.

- Sandahl Bergman s'est fait ouvrir un doigt lors du tournage de la scène du raid pendant l'orgie... Vous n'avez jamais eu peur que Schwarzenegger rate son coup et vous blesse?


- Non, à aucun moment! Arnold était très professionel, et le voir travailler suffisait à mettre en confiance. Autant que je puisse m'en souvenir, nous n'étions pas encore au courant de l'accident de Sandahl, donc je suppose qu'il a eu lieu après le tournage de ma scène.

- Parlez-moi de votre "blessure" au ventre...


- J'ai une assez bonne expérience de ce type de maquillage à effets spéciaux, puisque j'y ai eu recours à plusieurs reprises au cours de ma carrière (à ce propos, je te recommande de voir AQUI HUELE A MUERTO [Álvaro Sáenz de Heredia, 1990]). Sur CONAN, le maquillage était assez rudimentaire, par rapport à d'autres qui m'ont causé beaucoup plus de désagréments! Il s'agissait de simples prothèses de silicone, collées à même la peau et agrémentées de "faux" sang. Facile! Sur un autre de mes films, je me souviens que la séance de maquillage durait entre 5 et 6 heures pour chaque transformation, et il y en avait quatre au total! Dont une transformation en truie de 200 kilos, avec pattes articulées, etc. Un travail très intéressant!

- Comment se comportait Milius sur le plateau?

- De façon très professionnelle, lui aussi, comme on pouvait s'y attendre en voyant ses films. Il donnait surtout des directives à ceux qui en avaient besoin. Mais si l'acteur ou l'actrice étaient capables de se débrouiller par eux-mêmes, il ne disait rien. Disons que, la plupart du temps, il te laissait faire, et si ce qu'il voyait lui convenait, il ne te corrigeait pas. Dans mon cas, il ne m'a jamais repris et, à la fin, il est lui-même venu me féliciter... très chaleureusement!

- Est-il vrai qu'il faisait diffuser de la musique pendant le tournage, pour mettre les gens "dans l'ambiance"?

- Oui, c'est vrai. En tout cas, il y en avait pendant le tournage de ma scène. Mais je suppose que c'est une habitude en dehors de ce pays [l'Espagne], parce que sur SCARAB (Steven-Charles Jaffe, 1982), le film dont je te parlais, dans lequel je me transforme en truie, il y avait aussi de la musique pendant le tournage, la même qu'on retrouve d'ailleurs dans le film lors de cette scène en particulier.

- Nous préparons un dossier sur tous les lieux du tournage. Vous souvenez-vous où exactement a été filmée votre scène?

- Je me souviens que c'était dans un grand hangar, près de Madrid, mais je ne pourrais pas te le situer précisément sur une carte.

- Est-ce que vous reconnaissez cette photo?

- C'est possible... C'était un ancien entrepôt de camions, ça, je m'en souviens... N'oublie pas que je ne suis restée que deux jours seulement sur le tournage et que je jouais au théâtre en même temps, tous les jours, dans un spectacle où je devais à la fois chanter et danser. Un taxi venait me chercher puis me ramenait en quatrième vitesse, afin que je ne rate pas le lever de rideau du soir. Mon premier jour de tournage sur CONAN correspondait à un jour de relâche au théâtre, mais pas le second. A dire vrai, je suppose que, lors du trajet, je pensais davantage à l'expérience vécue la veille qu'à vraiment faire attention à quelle route nous empruntions! (Je me souviens notamment d'une discussion dans les douches avec Arnold, au cours de laquelle nous avons évoqué la scène, le travail, etc. Nous nous entendions très bien. Ce fut un moment très fort pour moi...) Mais l'endroit devait être très proche de la capitale, sans ça on n'aurait jamais pu me ramener à temps au théâtre... Désolée de ne pas pouvoir t'aider plus que ça!

- J'ai lu qu'il faisait un froid de canard dans ce fameux hangar...

- Oui, c'est vrai! Mais rassure-toi, ils nous donnaient des manteaux entre les prises, pour nous réchauffer! (rires) Ceci dit, pour être tout à fait sincère, une fois que tu es vraiment dans l'action, tu oublies très vite le froid. Une fois que tu es dans ton rôle, toutes ces sensations passent au second plan. Du moins, c'est mon cas; quand je suis à fond dans un personnage, je ne ressens plus que ce qu'il ressent. C'est peut-être pour ça, toute modestie mise à part, qu'on m'a toujours trouvée bonne actrice ici, dans mon pays!

- Vous vous rappelez peut-être d'autres lieux de tournage?

- Je sais que certaines scènes ont été tournées plus tard, à Almeria, mais c'est à peu près tout... Tu dois en savoir plus que moi sur le sujet!

- Nous essayons également d'identifier les autres filles de l'orgie, qui ne sont pas créditées au générique de fin...

- Je n'en connaissais et je n'en connais aucune personnellement. Dans ce film, tu dois bien comprendre que toutes les figurantes étaient de totales inconnues... Je devais sûrement être la plus "célèbre" du lot; en tout cas, la seule qui avait déjà un petit début de carrière à son actif.

- A propos d'actrices, j'ai entendu dire que Nadiuska, qui interprète la mère de Conan au début du film, serait devenue une... clocharde?!

- Oui, c'est malheureusement la triste vérité. Et cela fait des années que ça dure, au moins sept ans, vagabondant dans les rues et faisant la mendicité... Je ne l'ai jamais vu moi-même, mais il y a eu cette émission de télévision... Vraiment, quel dommage! C'était une femme pleine de bonté, agréable et sympathique. Je l'avais croisée à plusieurs reprises, notamment sur une série TV de Telecinco, et elle était charmante. Quel dommage!

- Pour terminer sur une note un peu plus positive, est-ce qu'il y a une anecdote concernant CONAN dont vous vous souvenez et que vous voudriez nous faire partager?

- Eh bien... Oui, je me souviens de quelque chose qui m'avait grandement impressionnée sur ce tournage. En termes de budget, c'était mon premier film étranger et je n'étais pas du tout habituée à voir un tel flot d'argent dépensé! Nous nous apprêtions à filmer l'entrée en scène des "géants" qui transportent la grande marmite pleine de restes humains; John Milius faisait le tour de ses caméras (il y en avait au moins cinq de disposées un peu partout, cadrant la scène sous plusieurs angles), regardant dans l'oeilleton de chacune d'entre elles, quand ce qu'il vit dans l'une d'elles sembla ne pas lui convenir... Pas de problème! (rires) Il fit aussitôt vider les lieux, renvoyant tous les acteurs et les figurants dans un autre hangar (celui où l'on nous maquillait), et ordonna carrément qu'on détruise une partie du décor (une des énormes colonnes du temple)! Ce qui prit tellement de temps qu'au final, le tournage se trouva interrompu pour tout le reste de la journée. L'heure de mon départ pour le théâtre est arrivée, et je suis partie. Et avec moi, tous les autres, chacun retournant à ses petites affaires... Et ce jour-là, tout le monde fut payé comme si de rien n'était, comme si nous avions bel et bien travaillé mais, pour eux, ça ne semblait pas avoir d'importance. Ce qui semblait le plus important, et qui le fut, c'était... la qualité du résultat final!

- Dernière petite chose : est-ce que ça vous dérange si l'on publie des photos un peu déshabillées de vous sur notre site? Certaines semblent provenir d'une version hollandaise de Playboy...


- Non, ça ne me gêne pas. La nudité est pour moi quelque chose de tout à fait naturel. Et ces photos, du moment qu'elles ne font pas preuve de mauvais goût, ne me posent aucun problème... En fait, pour tout te dire, j'étais partie trois mois en Hollande pour y tourner un cours d'Espagnol à destination du public néerlandais - ils avaient un grand intérêt pour notre langue à l'époque, sans doute parce que nombre d'entre eux viennent passer leurs vacances sur nos côtes, à Alicante... Ce programme a eu un tel succès que, la même année, ils ont de nouveau fait appel à moi, pour les besoins d'une émission TV spécial Noël, sur la chaîne Vara. Et, suite à ça, on m'a proposé de figurer dans l'édition hollandaise de Playboy! (rires)


Propos recueillis et traduits par Protoplasme.
Mise en forme : MightyMcT.
(Remerciements : Octopusmagnificens)
  

 
 
 

FILMOGRAPHIE:

1980 - El Soplagaitas / Mariano Ozores
1980 - El Retorno del Hombre-Lobo / Jacinto Molina
1981 - La Momia nacional / José Ramón Larraz
1981 - Qué Gozada de Divorcio / Mariano Ozores
1981 - Brujas mágicas / Mariano Ozores
1982 - Un Rolls para Hipólito / Juan Bosch
1982 - Los Líos de Estefanía / Augusto Fenollar
1982 - Scarab (aka Escarabajos asesinos) / Steven-Charles Jaffe
1982 - Femenino singular / Juanjo López
1982 - Freddy, el croupier / Álvaro Sáenz de Heredia
1982 - Si las mujeres mandaran (o mandasen) / José María Palacio
1982 - Han violado a una mujer / Luis Alcoriza
1982 - Conan the Barbarian / John Milius
1982 - Los Autonómicos / José María Gutiérrez Santos
1982 - Pieces / Juan Piquer Simón
1982 - Le llamaban J.R. / Francisco Lara Polop
1983 - USA, violación y venganza / José Luis Merino
1983 - J.R. contraataca / Francisco Lara Polop
1983 - Un Marido de Ida y Vuelta (TV) / F. García de la Vega
1983 - El Arreglo / José Antonio Zorrilla
1984 - Serpiente de mar / Amando de Ossorio
1984 - Fiebre de danza / Manuel Mateos
1985 - La Pantalla diabólica / Joaquín Hidalgo
1985 - Don Cipote de la Manga / Gabriel Iglesias
1985 - Lecciones de Tocador (TV) / F. García de la Vega
1986 - Tristeza de amor (TV - Ep. "El viejo Werther") / F. García de la Vega
1986 - Los Presuntos / Mariano Ozores
1987 - El Señor de los Llanos / Santiago San Miguel
1987 - Policía / Álvaro Sáenz de Heredia
1990 - Aquí huele a muerto... (¡pues yo no he sido!) / Álvaro Sáenz de Heredia
1990 - La Abuela Echa Humo (TV) / F. García de la Vega
1993 - Humor cinco soles (TV) / Juanjo Alonso Millán
1993 - Humor cinco estrellas (TV) / Juanjo Alonso Millán
1993 - El Bar de los Poyatos (TV) / Juanjo Alónso Millán
1994 - ¡Ay, Señor, Señor! (TV - Ep. "Curas de urgencia"; "El licor del pater Clauvis)
1994 - El Sexólogo (TV) / Mariano Ozores
1994 - Una Chica entre un millón / Álvaro Sáenz de Heredia
1994 - Quién da la vez (TV) / Vincente Escrivá
1994 - Qué Loca Peluquería (TV) / Eloy Arenas
1996 - Éste es mi barrio (TV - Ep. "No hay más cera que la que arde"; "Dulce laboro"; "Honrarás a tu padre")
1996 - Manos a la Obra - (TV) / Vicente Escrivá
1996 - Carmen y Familia (TV) / Vicente Escrivá
1997 - La Carcel Modelo, de Arniches (TV) / Angel Montesinos


THÉÂTRE & COMEDIE MUSICALE:

1980 - La Vida en Tanga / Juanjo Alónso Millán
1981 - Viva la Revista / Eloy Arenas y Manolo Cal
1982 - Me Río de Janeiro / Juanjo Alónso Millán
1984 - Sé Infiel y no Mires con Quién / Juanjo Alónso Millán
1985 - Con las Tres en la Cama Estés / Juanjo alonso Millán
198? - El Camarote /
1988 - Róbame un Billoncito / Fernándo Arrabal
1986 - Y Yo con Quién me acuesto / Juanjo Alónso Millán
1987 - Ahora sí Puedo, Cariño / Juanjo Alónso Millán
1988 - Entren Sin Llamar / Juanjo Alonso Millán
1988 - La Abuela Echa Humo / Mendizábal
1989 - Alta Seducción / Arturo Fernández


 
 
     
ConanCompletist 2007